Orcanette
Localisation géographique
L'orcanette est une plante que l'on retrouve tout autour du Bassin méditerranéen (et jusqu'à Lyon en France). Elle est présente en Europe centrale jusqu'en Slovaquie. Elle était également cultivée jusqu'à la fin du XIXè siècle en Allemagne du Sud et en Hongrie.
Utilisation historique
L'orcanette est mentionnée dans les célèbres papyrus de Leyde et de Stockholm (papyrys égyptiens écrits en grec au IIIè siècle), comme erzatz de la vraie pourpre. Ces recettes indiquent bien qu'il faut solubiliser l'orcanette dans de l'huile ou de l'alcool (et pas dans de l'eau) et recommandent l'huile, les noix pilées, le vinaigre ou l'hydromel. Son emploi devait être rare ou réservé à des tissus de peu de prix, car nous ne l'avons jamais identifiée sur un textile ancien. Même pour remplacer la pourpre, des insectes type cochenille ou des mélanges garance-indigo étaient plutôt employés.
Ainsi au Moyen-Âge, elle n'est même pas mentionnée dans les règlements des grands centres textiles.
L'utilisation a donc sans doute été très limitée jusqu'à la fin du XVIIIè siècle puisque le colorant est très peu soluble dans l'eau, ce qui ne facilitait pas son emploi. Après le XVIIIè, on trouve des recettes utilisant de l'alcool à 35°.
En revanche, l'orcanette, du fait de sa solubilité dans l'huile ou la graisse, a été très employée durant l'Antiquité et même après comme cosmétique pour les rouges à lèvres et à joues.
Parties de la plante utilisées
On utilise les racines, récoltées à l'automne.
Procédé(s) de teinture
Pour
notre expérimentation, nous avons fait macérer les racines broyées en
petits morceaux (même poids que celui de la fibre à teindre) dans des
bains acide, neutre ou alcalin pendant quatre jours. La macération acide s'est faite dans du vinaigre pur, car le colorant
est soluble dans l'alcool (historiquement vinaigre ou hydromel) et dans
l'huile, mais a priori pas dans l'eau.
Les bains ont
ensuite été portés et maintenus à ébullition pendant deux heures et demi
avant d'être filtrés.
L'orcanette acidifie le bain : notre bain neutre avait un pH de 6,3.
Lors de la teinture elle-même, les différents bains ont été maintenus une heure à 90°C.
Résultats obtenus
Nous n'avons obtenu les violets attendus que lorsque la macération des écorces avait eu lieu dans le vinaigre. Le colorant n'est donc effectivement soluble que dans l'alcool. Pour les autres bains, on obtient en général des gris assez laids. Même en bain acide, où les coloris tirent vers le violet, cela reste malgré tout assez décevant.
Le sulfate de fer et de cuivre n'apportent rien de particulier.
Le deuxième bain acide effectué n'a aucun intérêt, on se retrouve avec des marronnasses et plus du tout le violacé qu'on avait (à peine) dans le premier bain.
Légende des images (en gras, les nuances intéressantes) |
Mordançage à l'alun |
Mordançage alun et sulfate de fer |
Mordançage alun et sulfate de cuivre |
Teinture en bain acide |
83 509 (2è bain) |
84 510 (2è bain) |
85 511 (2è bain) |
Teinture en bain neutre |
86 |
87 |
88 |
Teinture en bain alcalin |
89 |
90 |
91 |