Indigo
Localisation géographique
Nous avons des textes témoignant d'utilisation d'indigo comme peinture corporelle en Inde au Ier millénaire avant Jésus-Christ, puis à partir du VIè siècle après Jésus-Christ comme teinture textile.
Dans le monde gréco-romain, Vitruve cite l'indigo mais seulement comme pigment de peinture (utilisé donc sous sa forme insoluble). Dioscoride le considère comme un minéral, idée qui perdurera jusqu'en 1705 (malgré les écrits de Marco Polo). "Pourtant, la culture de l'indigotier, introduite dans toute la Méditerranée par les Arabes à partir du IXè siècle, avait pénétré jusqu'au sud de l'Europe, en l'occurrence en Andalousie, dans l'île de Malte et en Sicile" (Dominique Cardon, le monde des teintures naturelles, Belin, p. 280).
Procédé 1 : cuve par fermentation
Il faut arroser la poudre d'eau et la laisser fermenter. La fermentation va permettre de retirer l'oxygène qui empêche le colorant d'être soluble. Cette fermentation étant longue, aléatoire et difficile à maîtriser, nous avons utilisé un agent chimique moderne, l'hydrosulfite, pour provoquer la réaction.
Nous avons donc utilisé de la poudre d'indigo, dosée à 5% du poids de la fibre à teindre, diluée dans de l'eau et des cristaux de soude pour obtenir l'alcalinité nécessaire à la réaction. Après avoir fait chauffer le bain jusqu'à une température de 70°C, nous avons adjoint l'hydrosulfite pour retirer l'oxygène du bain, et trempé nos échantillons 15 minutes après le début de la réaction.
NB : une fois le bain en anaérobie, le colorant privé d'oxygène prend une couleur jaune. Les fibres restent jaunes tant qu'elles ne sont pas exposées à l'oxygène. C'est en les sortant du bain, alors que le colorant qui les a imprégnés se couple de nouveau à l'oxygène, que la couleur bleue va (ré)apparaître.
Procédé 2 : cuve au fer
Il est également possible de provoquer l'anaérobie du bain avec une "cuve au fer", procédé vraisemblablement utilisé dans le nord de l'Europe, où la température plus basse ne permettait pas de procéder à une fermentation. De la même façon dans un bain alcalin, chauffé à 70°C, l'adjonction de sulfate de fer doit lancer la réaction.
Ce procédé permet d'obtenir des tons plus foncés.
Avec un dosage identique à 5%, le résultat est très proche de ce que l'on obtient avec le pastel (310), c'est un bleu assez foncé (tout de même un peu plus foncé que celui obtenu avec le pastel).
Comme avec le pastel, plus les concentrations sont faibles, plus les tons obtenus sont clairs, ce qui est parfaitement logique.
Légende des images (en gras, les nuances intéressantes) |
N° |
PROCEDE 1 dosage 5% poids fibre à teindre |
321 |
PROCEDE 2 |
322 non exposé car la réaction n'a jamais démarré |
Les essais de cuve au fer n'ont donné aucun résultat, la réaction n'a
jamais démarré. Pourtant ce procédé avait déjà fonctionné auparavant
(voir photo d'anciens échantillons d'indigo et de pastel ci-dessous).
On peut également remarquer que sur ces anciens échantillons, la différence de teinte entre l'indigo et le pastel était plus nettement marquée.