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Indigo

Indigofera tinctoria (& arrecta & coerulea)

Localisation géographique

On trouve différentes espèces d'indigotiers en Asie du Sud (notamment en Inde et dans la péninsule arabique) et en Afrique centrale.

Utilisation historique

Nous avons des textes témoignant d'utilisation d'indigo comme peinture corporelle en Inde au Ier millénaire avant Jésus-Christ, puis à partir du VIè siècle après Jésus-Christ comme teinture textile.

Le climat de l'Egypte a permis en revanche de conserver des textiles très anciens, notamment dans la tombe de Toutankhamon (1350 avant Jésus-Christ), teints en bleu. Mais  il est impossible de savoir si ce bleu provient d'un indigotier ou du pastel. Cela étant, les textes égyptiens mentionnent différents noms de plantes tinctoriales teintant en bleu.

Dans le monde gréco-romain, Vitruve cite l'indigo mais seulement comme pigment de peinture (utilisé donc sous sa forme insoluble). Dioscoride le considère comme un minéral, idée qui perdurera jusqu'en 1705 (malgré les écrits de Marco Polo). "Pourtant, la culture de l'indigotier, introduite dans toute la Méditerranée par les Arabes à partir du IXè siècle, avait pénétré jusqu'au sud de l'Europe, en l'occurrence en Andalousie, dans l'île de Malte et en Sicile" (Dominique Cardon, le monde des teintures naturelles, Belin, p. 280).

L'indigo au Moyen Âge est connu, même s'il reste peu employé, il est mentionné dans les registres de compte de Gênes (1140), de Marseille (1228), de Londres (1276).

Après le Moyen Âge le commerce de l'indigo se développera énormément, avec une importation massive d'indigo d'Inde, mais aussi d'indigo provenant des espèces américaines.

Parties de la plante utilisées

 On utilise toute la partie aérienne de la plante. De la même façon que pour le pastel, la plante peut être réduite en pulpe, puis en pâte. Il existe aussi des procédés permettant d'utiliser directement les feuilles fraîches.

Procédé(s) de teinture

Procédé 1 : cuve par fermentation

Il faut arroser la poudre d'eau et la laisser fermenter. La fermentation va permettre de retirer l'oxygène qui empêche le colorant d'être soluble. Cette fermentation étant longue, aléatoire et difficile à maîtriser, nous avons utilisé un agent chimique moderne, l'hydrosulfite, pour provoquer la réaction.

Nous avons donc utilisé de la poudre d'indigo, dosée à 5% du poids de la fibre à teindre, diluée dans de l'eau et des cristaux de soude pour obtenir l'alcalinité nécessaire à la réaction. Après avoir fait chauffer le bain jusqu'à une température de 70°C, nous avons adjoint l'hydrosulfite pour retirer l'oxygène du bain, et trempé nos échantillons 15 minutes après le début de la réaction.

NB : une fois le bain en anaérobie, le colorant privé d'oxygène prend une couleur jaune. Les fibres restent jaunes tant qu'elles ne sont pas exposées à l'oxygène. C'est en les sortant du bain, alors que le colorant qui les a imprégnés se couple de nouveau à l'oxygène, que la couleur bleue va (ré)apparaître.

Procédé 2 : cuve au fer

Il est également possible de provoquer l'anaérobie du bain avec une "cuve au fer", procédé vraisemblablement utilisé dans le nord de l'Europe, où la température plus basse ne permettait pas de procéder à une fermentation. De la même façon dans un bain alcalin, chauffé à 70°C, l'adjonction de sulfate de fer doit lancer la réaction.

Ce procédé permet d'obtenir des tons plus foncés.

Résultats obtenus

 Avec un dosage identique à 5%, le résultat est très proche de ce que l'on obtient avec le pastel (310), c'est un bleu assez foncé (tout de même un peu plus foncé que celui obtenu avec le pastel).

Comme avec le pastel, plus les concentrations sont faibles, plus les tons obtenus sont clairs, ce qui est parfaitement logique.

 

Légende des images
(en gras, les nuances intéressantes)
    N°    
PROCEDE 1
dosage 5% poids fibre à teindre
321
PROCEDE 2
322
non exposé car la réaction n'a jamais démarré

 

Indigo
Comparatif entre les teintes obtenues avec l'indigo (321) et le pastel (310)

 

 Les essais de cuve au fer n'ont donné aucun résultat, la réaction n'a jamais démarré. Pourtant ce procédé avait déjà fonctionné auparavant (voir photo d'anciens échantillons d'indigo et de pastel ci-dessous).
On peut également remarquer que sur ces anciens échantillons, la différence de teinte entre l'indigo et le pastel était plus nettement marquée.

 

Comp indigo pastel fer 2
Anciens écheveaux de laine comparant les teintures à l'indigo (cuve au fer, et à l'hydrosulfite) et la teinture au pastel (cuve à l'hydrosulfite)

 

 

 

Comp indigo pastel fer
Anciens échantillons (lin, laine, soie) comparant les teintures à l'indigo (cuve au fer, et à l'hydrosulfite) et la teinture au pastel (cuve à l'hydrosulfite)

 

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