Outils personnels
Se connecter


Mot de passe oublié ?
 

Pictes, Gaels et Scots

Une traduction résumée du livre "Picts, Gaels and Scots" de Sally Foster, proposée par la Branche Rouge.

Mise en place

Du Vè au Xè siècles, il y a cinq différents peuples en Ecosse : les Pictes, les Dal Riatha (Gaels), les Britons, les Angles et les Vikings. Au début du XIè siècle, les quatre premiers sont unifiés dans une monarchie stable.

Qui étaient les Pictes ?

Leur nom viendrait soit d’un surnom donné par les Romains : les hommes peints, soit de la romanisation du nom qu’ils se donnent à eux-mêmes : le peuple des desseins. Les Romains utilisent ce nom pour tous ceux qui vivent au Nord et qui attaquent les frontières romaines. Selon des historiens contemporains, douze tribus sont recensées dans la région, parfois associées dans la lutte contre les Romains. Toutes ces tribus descendent des tribus indigènes de l’Age du Fer et n’ont jamais fait partie de l’empire romain (à la différence des Britons, romanisés). Cependant les Pictes ne seront un seul peuple gouverné par un seul roi qu’à partir de la fin du VIIè siècle.

Qui étaient les Dal Riatha ?

Ils ont toujours été en contact avec les peuples de l’Irlande du Nord-Est, mais ils ne proviennent pas d’une migration irlandaise, comme on le croyait auparavant. Irlande du Nord-Est et Ecosse de l’Ouest sont simplement en relation depuis le Néolithique, et c’est la raison pour laquelle les Dal Riatha parlent gaélique. Dans la littérature moderne, on les appelle Scots (pirates ?). C’était le terme employé dans les sources classiques pour les distinguer des Pictes, même si les deux attaquent les Romains. Pour les classiques, Scoti signifie tous ceux qui parlent gaélique.

Qui étaient leurs voisins ?

Au Sud, il y a les tribus britonnes natives, liées aux Romains, qui forment au VIè siècle les royaumes britons de Gododdin (Ecosse du Sud-Ouest, Angleterre du Nord-Ouest). Vers le milieu du VIè siècle, les Angles, peuple d’envahisseurs germaniques, créent le royaume de Bernicie. Ils conquériront Edinburgh en 638 (et du coup gouverneront le Lothian jusqu’en 937). Puis en 793, arrivent les Vikings, qui colonisent le nord et l’ouest de l’Ecosse. A la fin du IXè siècle, ils sont fermement établis. C’est cela qui va être la cause de l’unification des Pictes et des Dal Riatha.

Les sources

Les sources littéraires

Il ne subsiste aucun manuscrit des Vè-VIè siècles, ce ne sont que des copies plus tardives. Il n’y a qu’un seul texte vraiment picte (dans deux manuscrits du XIVè siècle) : la liste de soixante rois, dont on connaît déjà trente par d’autres sources. La première version de cette liste devait dater de 660. Il ne reste pas de telles listes de rois Dal Riatha, mais il y a des généalogies (texte du VIIè siècle, recopié au Xè). Heureusement on connaît les activités royales et aristocrates des Pictes et des Dal Riatha grâce à des sources irlandaises : généalogies, chroniques, annales et surtout La vie de Columba d’Adomnàn, et l’histoire ecclésiastique de Bède.

Il y avait des lois promulguées en Pictland et en Argyll mais elles n’ont pas été conservées comme en Irlande. On en a gardé qu’une : la Loi des Innocents d’Adomnàn (VIIè siècle) pour la protection des femmes, des enfants et des clercs.

Aucun texte ne reste en picte, mais on a des poèmes en gaélique écrits pour des rois Pictes ou Britons, preuve qu’il y a des liens entre les deux cultures.

Langage et inscriptions

Les Pictes parlaient une langue du groupe P-Celtic, alors que les Dal Riatha parlaient le gaélique (Q-Celtic), ce qui explique que Saint Columba ait eu besoin d’un interprète. La différence entre les groupes P et Q s’est estompée et vers 900, Pictland était gaélicisé.

La plupart des inscriptions sont en oghams, soit en P-Celtic, soit en Q. Certaines inscriptions sont en lettres romaines et en latin, mais beaucoup moins.

Sources archéologiques

Il reste des monuments, des marques dans les champs, des pierres sculptées et d’autres artefacts. Le premier problème est de savoir s’ils sont pictes ou dal riatha. Grâce aux sources littéraires, on peut identifier certains lieux de haut statut. Pour dater, on utilise le carbone 14, la thermoluminescence et la dendrochronologie. En l’absence de pièces de monnaie (non utilisées par les Pictes), il est parfois difficile de dater les objets, entre le IVè et le VIIè siècles.

Histoire de l’art

On a des manuscrits (surtout le Book of Kells), de l’orfèvrerie et de la sculpture. Il ne reste que très peu de monuments debout. Quand on trouve des similitudes (notamment aux VIIè et VIIIè siècles) avec les styles irlandais et anglais, il est difficile de savoir qui a influencé qui.

Noms de lieux

C’est difficile car, en Ecosse, il y avait beaucoup de langues différentes. Un grand nombre de noms sont gaéliques : aux endroits où les gens parlaient gaélique, mais aussi dans les lieux pictes soumis par l’émergence Dal Riatha au milieu du IXè siècle.

Les lieux de pouvoir

Du Vè au IXè siècles, Pictland évolue d’une composition de petits royaumes à une centralisation grandissante.

Structure de la société

La période est caractérisée par l’émergence de rois chefs de guerre qui règnent sur un territoire défini, à la fois en Argyll et en Pictland. C’est dû à l’abandon romain et donc à la cessation du gouvernement et de l’ordre connu. Puisqu’il n’y a plus d’ordre central, les aristocrates locaux s’élèvent. En Ecosse, où l’influence romaine est minime, elle a au moins eu pour conséquence des alliances entre les différentes tribus, qui ont été oubliées après le départ des romains.

Les territoires sont limités par ce que le chef peut protéger et exploiter. Ses clients paient une rente en nourriture ou en services (labour ou militaire), ils ont en retour de la terre à cultiver et la protection. L’autorité était déterminée par le nombre de clients que l’on pouvait avoir. Le seigneur d’un lieu pouvait accepter l’autorité d’un autre, plus fort que lui : il y a donc différents niveaux de noblesse.

Divisions territoriales

Des entités politiques stables se sont développées à partir des tribus de l’Age du Fer depuis le VIè siècle. Il y a une distinction entre la partie nord et la partie sud de la zone picte. A la fin du VIè siècle, Bridei est décrit comme rex potentissimus, et son pouvoir s’étendait sur toute la partie nord.

Il y a eu pendant longtemps tout un réseau de sous-rois. Il n’y en a pas par contre chez les Dal Riatha et la plus grande partie de leur force doit venir de cette longue et stable dynastie.

Moyens d’hériter

Pour les Dal Riatha, comme en Irlande, les successeurs étaient nommés alternativement dans des familles éligibles (mais dominées par les Cenël nGabràin tout de même), souvent avant la mort du roi. Les politiques maritales permettaient de conserver l’égibilité royale dans ces familles, en excluant les « étrangers ». Les fils héritaient rarement de leurs pères.

Autrefois on pensait que les Pictes avaient une succession matrilinéaire, c’est désormais contredit. Les rois sont appelés fils de leurs pères. Ils n’héritent des femmes que de manière exceptionnelle (Bède). A partir du règne de Cinaed mac Ailpin en 842, la royauté est de plus en plus conférée aux descendants immédiats.

Contexte politique

Les Dal Riatha ont été intéressés par le Pictland, notamment entre 581 et 682, et il est possible que Gartnait, roi picte du VIè siècle, ait été gaël.

Les principaux adversaires des Dal Riatha sont les Britons, qui atteignent leur apogée au VIIè siècle, et qui, avec les Angles, cherchent à gouverner les Pictes. Entre 631 et 653, trois rois pictes sont des Britons, mais de 653 à 685, Pictland est sous la domination angle, à travers des rois marionettes. En 672, l’un d’eux est rejeté par les Pictes, mais en représailles, le roi angle massacre les Pictes et de nombreux aristocrates pictes. Bridei, un picte qui a sans doute un père briton, prend alors le pouvoir et sous son commandement les Angles sont rejetés en 685. C’est lui qui crée l’idée d’un seul peuple et d’un seul territoire picte. De 729 à 839, des rois pictes règnent et forment une seule dynastie, mais les chefs pictes sont tués en 839 et la dynastie y trouve sa fin. Cinaed mac Ailpin profite du chaos pour instaurer une nouvelle structure politique, en même temps que son règne et celui de ses descendants.

La nature de la royauté

Elle fut profondément changée par l’arrivée du christianisme. Auparavant les rois étaient des êtres sacrés, intermédiaires entre le peuple et les dieux. C’était possible grâce à des pouvoirs magiques et aussi par l’aide des druides qui contrôlaient les pouvoirs naturels et surnaturels (on retrouve des figures chamaniques sur les pierres taillées), par l’aide des poètes qui cultivaient légende et généalogie, et par les augures. Il y avait des rituels d’inauguration et le roi devait apporter la fertilité à son peuple. Il ne reste aucun compte-rendu de cérémonies d’inauguration, mais on peut penser que les empreintes de pied dans la roche, les sièges de pierre, etc… y jouaient un rôle.

Une inscription oghamique des IX-Xè siècles indique que ces marques avaient toujours une signification à une époque où le nord était certainement chrétien. Il y a sans doute eu continuation de rites païens, même avec le changement de croyances.

Le christianisme va changer tout cela. Le premier sacre d’un roi par un rite chrétien a lieu en 574 à Iona en Argyll, selon Adomnàn ; mais c’est peut-être de la propagande. Il fallait un nouveau rite chrétien pour contrer le paganisme.

Les centres de pouvoir : forts et promontoires côtiers

Les remparts sont faits de bois et de pointes de fer, et sont remplis de bois, de pierre et de terre. Ces promontoires côtiers étaient sans doute des bases navales. La flotte picte attaquait les romains, mais ensuite elle a sans doute périclité.

Utilisation hiérarchique de l’espace

Les forts avaient des fortifications organisées hiérarchiquement. Les citadelles étaient érigées en haut de collines, et par la suite, des remparts ont été construits (VIè siècle) en bois (remplis de pierre et terre). Au VIIè siècle, on utilise la pierre pour les remparts, souvent réutilisée de monuments romains. Est-ce parce que la pierre est désormais considérée comme plus sophistiquée, ou parce que ce n’est que maintenant qu’on peut la transporter ?

La manière d’arriver, et la monumentalité de l’entrée, étaient importantes.

Cultes et associations chrétiennes

Dans les croyances celtiques, certains lieux étaient associés avec des rituels d’inauguration et des croyances. En Pictland, certains lieux de pouvoir sont associés à des sites religieux ou cultuels, sans doute à cause du rôle des rois dans les croyances. On a retrouvé des séries de plaques sculptées (animaux, têtes) dans ces endroits.

On a pas retrouvé d’églises dans les sites fortifiés pictes et dal riatha, mais les chrétiens se sont installés tout près de ces centres de pouvoir, généralement juste à l’extérieur.

Utilisation des sites romains

On a des exemples de Britons qui continuent d’occuper des forts romains, mais pas en Ecosse, même si les activités agricoles ont continué. Les forts romains devaient être trop grands pour être défendus par les chefs pictes et de plus n’étaient pas en position élevée. Par contre, de nombreux autres centres de pouvoir pictes sont juxtaposés avec des sites romains car ce sont des emplacements stratégiques le long de routes.

Les routes romaines restent utilisées.

Constructions internes

La forteresse inclût la grande salle (hall) du roi, et la maison. Il devait également y avoir des magasins, et peut-être un trésor.

Crannogs

Tous les centres de pouvoir n’étaient pas fortifiés, certains utilisaient les caractéristiques naturelles. Les crannogs sont des ilôts artificiels que l’on trouve partout où il y a de l’eau en Ecosse, du Néolithique au XVIIè siècle. Dans l’un d’eux, on a trouvé la présence du travail du métal, de la poterie importée et une fibule ornée, ce qui indique que c’était un lieu de haut statut, peut-être royal.

Sites non fortifiés

Les palais ressemblent aux palais carolingiens contemporains. Forteviot est le palais des derniers rois pictes, et du royaume amalgamé. C’est toujours considéré comme site royal au XIIè siècle.

Association avec des lieux de rituel préhistorique

Il n’y a pas de continuité de fonction, mais les élites les ont sans doute utilisés pour se légitimer. C’était de plus d’excellentes arènes pour les rassemblements publics en extérieur, qui évitaient de construire des théâtres.

Hiérarchie des centres de pouvoir

Etant donné que la société picte et Dal Riatha comporte différents niveaux de rois et de nobles, une telle distinction doit être apparente dans les sites. L’idée de place principale (capitale) semble avoir existé. Il y a trois grades dans les sites royaux : civitas (la place principale du royaume), castellum ou urbs (un site un peu moins fortifié) et villa regis (un endroit non fortifié, une résidence).

Agriculture, industrie et commerce

Elevage d’animaux

En Irlande, l’animal important est le bœuf (à la différence des cochons et moutons chez les Anglo-Saxons). C’est un signe de richesse extérieure. Il semble qu’ils aient été utilisés plus pour la production de produits laitiers que de viande. En Ecosse, ce sont également des os de bovidés qui prédominent. La vie de Columba insiste sur l’importance des bœufs. Dans les Orkneys, dans une ferme, un tiers des animaux ont été tués dans leur première année pour la viande et la peau, mais la majorité sont conservés pour le lait.

Le cuir était utilisé pour faire des chaussures, des sacs et autres objets. On utilisait également le velin pour les parchemins.

Le reste des os que l’on retrouve sont ceux de chèvres, moutons et cochons. Apparemment les moutons étaient utilisés plus pour la viande que pour la laine et il reste peu de traces du travail de la laine, sans doute parce que les accessoires étaient en bois. Il devait également y avoir utilisation du lin.

Les chevaux étaient parfois mangés à la fin de leur vie, mais leur fonction est dans le transport, la traction et la guerre, ainsi que la chasse au cerf. Symboles de richesse et de statut, ils étaient sélectionnés par des techniques d’élevage.

Animaux de basse-cour et chats sont également mentionnés.

Exploitation des ressources sauvages

La pratique de la chasse à la lance, la chasse au cerf est réservée à des élites. Les ressources côtières sont importantes, il y a également de la pêche en haute mer.

Sont consommés également les œufs des oiseaux, les champignons, les fruits sauvages, les baies et certaines feuilles, également quelques épices (comme la coriandre).

Les abeilles et les ruches sont également exploitées, et ont leur propre texte de loi au VIIè siècle en Irlande. Le miel est utilisé comme adoucissant sucré et pour faire de l’alcool. La cire a également beaucoup d’usages.

Cultures

Comme engrais, on utilise le fumier, l’algue et certains déchets ménagers. Différents types d’orge et d’avoine sont très communs, le blé et le seigle sont également connus. Depuis cinq mille ans, on cultive également le lin, utilisé pour de la nourriture, de l’huile ou pour ses fibres ( > textile).

Le grain était moulu à la maison. Les premiers moulins à eau datent d’entre 640 et 880.

Choux, épinards, haricots, navets et pois étaient également cultivés.

Pictland était boisé, mais également cultivé depuis mille avant Jésus-Christ.

Les chambres souterraines ou semi-souterraines sont fréquentes dans les zones agricoles : ce sont des magasins à température constante pour les récoltes et les produits laitiers. Il y a également des souterrains faisant le tour des maisons individuelles et qui servent également de places de stockage.

Autres installations et constructions

On s’attendrait à des constructions majoritairement en bois. La norme, sur les terres fertiles du Pictland du sud, était des maisons rondes ou ovales de pierre et de bois, sans palissade (même si on a quelques exemples). Plus au nord, les maisons rondes (préhistoriques) sont remplacées par des structures rectangulaires au milieu du premier millénaire.

Dans la partie la plus au nord, les places fortes sont des maisons monumentales en pierre, avec des alcôves dans les murs et des galeries, ainsi que des galeries supérieures. Elles datent environ de l’an 700 et du début de l’ère chrétienne.

Sur les îles, on trouve des structures souterraines avec des auges sur les côtés, apparemment pour nourrir les animaux.

Fermes et propriétés

La royauté devait être itinérante pour survivre : les rois considéraient en effet que c’était à eux d’aller à la nourriture et non l’inverse. Ils visitaient ainsi leurs terres et récupéraient les rentes de nourriture des habitants, logeant chez un puissant ou dans un monastère. Ainsi les besoins en nourriture étaient parfaitement divisés au travers du royaume. Ces voyages permettaient aussi de renforcer les relations de clientèle, et de rendre la justice. Chasser le cerf à cheval, activité de l’élite, était généralement abondamment pratiqué. La taxe dans les périphéries du royaume, où le roi ou la reine ne pouvaient se rendre fréquemment, consistait donc en denrées non périssables : bougies, peaux, etc…

Activités spécialisées

Il n’y avait pas d’économie monétaire, pas de pièces de monnaie. Les artisans spécialisés, comme les orfèvres, exerçaient leur activité dans les sites de haut statut, où la nourriture était fournie par les clients, ce qui les laissait libres de faire leur commerce. On a des traces de creusets spécialisés pour l’or et l’argent, et des moules.

Les puissants s’employaient à des activités exclusives comme l’élevage et la sélection de chevaux, la fauconnerie, la chasse et la préparation militaire.

Parmi les beaux objets des VIIè et VIIIè siècles, on trouve des fibules. Pour les textes irlandais et britons, elles auraient été portées comme des symboles de statut : sur l’épaule pour les hommes, et sur la poitrine pour les femmes. Cela aurait pu venir d’une influence romaine. Cela aurait également été adopté dans la hiérarchie chrétienne et de nombreuses fibules portent des symboles chrétiens.

Commerce

Entre la fin du Vè siècle et le milieu du VIè, il y a eu commerce direct avec la Méditerranée orientale : amphores, jarres, bols et coupes arrivent en Bretagne via l’Afrique du Nord. Ils sont échangés contre de l’étain, du plomb et de l’argent. Les forts côtiers sont d’importants centres de commerce. Avec l’Afrique, l’Ecosse a probablement pu exporter des fourrures blanches, des perles de rivière, du cristal de roche, mais aussi des textiles de laine, des objets en cuir, peut-être des chiens de chasse et des esclaves. Au milieu du VIè siècle, ce système s’arrête sans doute parce que l’empire byzantin réimpose un contrôle vers la Méditerrannée occidentale. Un second système apparît alors au VIIè siècle : de la vaisselle et des objets en verre sont importés de Gaule.

La force de la Foi

La chrétienté a été le plus fort changement de cette période. Au début du Xè siècle, tout le monde en Ecosse est familier avec les croyances chrétiennes. Les chefs du clergé sont de gransd propriétaires et des puissants.

Croyances pré-chrétiennes

Il y a un panthéon de dieux et une croyance dans un autre monde surnaturel. Arbres, collines, eau, soleil et animaux sont sacrés. Il y a des fêtes annuelles liées aux cycles agraires et à la fertilité. On peut noter le grand rôle des druides.

Les symboles pictes

Il y en a au moins cinquante, souvent associés par deux. On les trouve principalement sur des sculptures ou des objets de haut statut. Peut-être étaient-ils également utilisés sur du bois, du cuir, du tissu ou comme décoration corporelle, mais on en a évidemment aucune trace. Certains de ces dessins incorporent des éléments du style La Tène (culture pré-romaine de l’Age du Fer des celtes de l’Europe du nord-ouest). On pensait que ce style s’était éteint au Ier ou IIè siècles, mais des trouvailles du VIIè siècle en Ecosse et en Irlande montrent qu’il était toujours courant dans la première moitié du millénaire.

Ces symboles pourraient représenter un langage plutôt que des idées. Pour certains, ces symboles serviraient à inscrire le nom de personnes. Si c’est le cas, on pourrait attribuer le déclin de ces symboles à l’émergence du gaélique. Cela expliquerait aussi pourquoi ils sont acceptés sur les monuments chrétiens : si c’est un langage, ce n’est pas un symbole païen.

Des dessins sur la pierre, des intentions dans le dessin

La majorité des dessins qui nous restent sont gravés sur des pierres ou des croix. S’ils représentent bien des noms, ces pierres pourraient alors être des pierres tombales, ou des mémorials. Ces pierres dateraient d’entre le IVè et le VIIIè siècles. On retrouve les symboles sur des chaînes (votives ?) des Vè-VIè siècles et quelques autres objets du VIIè siècle. Si ces dates sont exactes, cela date d’un moment où les Pictes sont chrétiens (en tout cas, certains d’entre eux).

Ces pierres se retrouvent à des endroits de culte préhistoriques. La réutilisation de lieux de culte païens par les chrétiens est courante, mais on ne peut pas savoir si ces monuments sont construits pour le christianisme ou en réaction envers lui. Quand ces pierres sont proches de cimetières, il est impossoble de savoir si les enterrements sont chrétiens (même si ce sont des corps sans objets avec juste un linceul ; ce qui est souvent la marque d’un enterrement chrétien). Ca pourrait être juste une influence.

D’autre part, ces pierres sont contemporaines de l’apparition du royaume picte et elles pourraient constituer un système symbolique standardisé, sous le contrôle d’une élite politique ou religieuse. Un moyen d’établir ou de renforcer une position ?

L’église sous-romaine

Ce n’est pas Columba qui a le premier apporté le christianisme aux pictes, mais plutôt son professeur, Uinniau, un britton. Quand Columba rencontre Bridei, il est peut-être déjà chrétien. Le christianisme sous les romains est attesté par des noms de lieux (en eccles_), mais on ne peut rien déduire des entererments en linceul sans objets car ceux-ci ont existé depuis le IIè siècle en Ecosse, donc avant l’arrivée du christianisme. On ne sait pas comment l’arrivée de cette religion a été prise par les populations.

L’église de Columba en Argyll

Bien que certains Dal Riatha aient pu être convertis avant, le christianisme fait vraiment son apparition avec Columba en 563. Il se base à Iona, terre donnée par un roi sans doute déjà chrétien. Le christianisme apparaît au début du Vè siècle en Irlande, mais on accorde la majorité de la conversion à Patrick (460), qui encourage la vie monastique. Iona, sur une île, convient à l’ascetisme monacal. On y trouvait une église, des huttes pour les moines, plus une ou deux pour Columba, une maison pour les invités et un bâtiment commun (cuisine et réfectoire ?). Tout cela était sans doute en bois. Les croix indiquaient les lieux d’enterrement et les lieux saints ; elles étaient aussi des lieux de prêche. Le monastère avait également des champs et une économie fermière.

Il existe d’autres Eglises gaéliques, qu’on connaît peu à cause de l’Eglise de Columba qui a été si forte et importante. Mais il y en avait de nombreuses autres.

Archéologie de l’Eglise dans l’ouest

On reconnaît les premiers sites chrétiens grâce aux noms de lieu, à la taille et à la forme des périmètres, aux sculptures, aux enterrements, aux batiments et aux puits. Il est difficile cependant de dater les enterrements chrétiens vu qu’il n’y a pas d’objets. Il y a une commune continuité entre les lieux païens et chrétiens, et de nombreux sites sont associés à des puits, aux vertus guérisseuses, etc…

L’Eglise gaélique et la plus large société

Comment le christianisme a-t-il affecté l’histoire de la société ? En Irlande, les monastères co-existaient avec elle, mais en étaient complètement séparés. Les abbatiats étaient souvent héréditaires, et il était courant dans les familles dirigeantes que l’aîné soit seigneur et le cadet abbé. Columba s’investissait dans la politique et a peut-être sacré un roi. Mais quel rôle du clergé dans la population ? Il y a peu de distinction apparemment entre le moine et le prêtre séculier. Les évèques ont un travail de missionaires. Beaucoup d’endroits semblent être des lieux de prêche, et certains clercs administraient baptême, communion et extrême-onction. Il existe également des itinérants et des transferts de reliques. On ne sait pas trop si l’Eglise avait un rôle effectif dans le baptême (même s’il y a des bassins et les puits sacrés), ni dans l’enterrement. En Orlande, être enterré autour de l’église ne devient la norme qu’au VIIIè ou IXè siècles.

Etablissement de l’Eglise picte

L’Eglise a un rôle crucial à la fin du VIIè siècle dans l’établissement du concept d’une seule royauté picte. Une dispute apparaît entre Eglise romaine et Eglise de Columba, chacune voulant la suprématie. Le prétexte est la date de Pâques, mais c’est en réalité une lutte de pouvoir. En Northumbrie, le synode de Whitby en 664 tranche pour l’Eglise romaine. En Argyll, les moines d’Iona perdent donc leur influence sur la Northumbrie. En 688, Adomnàn est persuadé, et promouvoit les pratiques romaines au Pictland. Iona ne suivra qu’en 712. En 716, l’Eglise picte passe officiellement de columbaine à romaine : instauration de la Pâques catholique, et mise sous la protection de Saint Pierre.

Cependant les pratiques romaines avaient déjà été adoptées, mais l’introduction consciente de cette Eglise réformée à travers le royaume entier comme L’Eglise picte était un moyen à la fois de consolider et d’étendre l’autorité royale. Les nobles locaux acquérirent de l’autorité en s’associant avec cette nouvelle source de pouvoir, qui élargissait également leurs possibilités de carrières. L’Eglise assistait également le pouvoir dans les matièrse administratives. Au VIIIè siècle, on assiste à une symbiose entre le roi et l’Eglise. En échange, l’Eglise obtenait des terres (et les droits associés) dont elle avait besoin pour la nourriture et les revenus. Les croix et pierres taillées pictes de cetet époque seraient alors, plutôt que des pierres tombales, des professions de foi en la nouvelle Eglise réformée. Là où elles sont abondantes, c’est sûrement là où l’aristocratie locale soutenait la nouvelle Eglise avec le plus de ferveur. A la fin du VIIIè et au IXè siècle, de nouveaux monuments funéraires apparaissent, montrant que l’Eglise s’est fermement établie dans l’enterrement des nobles en tout cas.

L’usage de l’écriture

La littérature est promue par l’Eglise. En Irlande et en Ecosse, on trouve des pierres-alphabet, peut-être une aide à l’apprentissage, mais plus sûrement un symbole de l’accès à la lecture et à la parole de Dieu. Les hauts membres de l’Eglise étaient des lettrés très cultivés et éduqués. Les monastères produisent des manuscrits sur parchemin. Etre lettré permet de stocker les connaissances et de les transmettre. Cependant cela reste un monopole clérical. La première preuve d’un roi utilisant l’écrit date du début du IXè siècle. D’autre part, certains clercs comprenaient le latin.

L’Eglise plus tardive

On ne trouve plus de symboles pictes à partir de la fin du VIIIè siècle, et à la place des scènes de chasse, on trouve des scènes militaires, sans doute parce que le renforcement de l’autorité royale passe par la puissance militaire. La civilisation picte s’efface devant les intérêts gaéliques des rois.

Des brigrands errants aux seigneurs de guerre

La guerre est un élément important de la vie à cette période, mais elle a subi des changements. On combattait pour obtenir des richesses et la gloire personnelle. On pouvait aussi acquérir des esclaves. (Saint) Patrick a été kidnappé et emmené en Irlande, et il y avait une esclave dal riatha à la cour picte de Bridei quand Columba l’a visitée. Les combats étaient généralement entre les chefs de différents territoires, ou de différents peuples. Les héritages de royaume étaient généralement vivement contestés par des familles rivales, qui avaient des droits par mariage ou autres.

Batailles en mer

Les Pictes et les Dal Riatha étaient connus par les Romains pour effectuer des raids par la mer. Elle leur servait aussi pour la communication et le commerce. La première référence à une bataille navale date de 719. Cependant, il y en a sûrement eu depuis au moins 580. Ils connaissaient également les navires marchands. Ils pouvaient être grands (plus de vingt personnes) et à rames, même si certains avaient mât et voile. Les moines d’Iona ont acquis du chêne et du pin pour faire un long skip. Pour les bateaux pictes, on sait moins de choses. Ils étaient vraisemblablement recouverts de peaux.

Batailles sur terre

On ne sait pas grand-chose. Quand Agricola a vaincu les Brittons en 83, ils avaient des chariots et des soldats à pied (avec de grosses épées et de petits boucliers). La dernière référence à l’usage des chariots date du IIIè siècle, mais des chevaux bien nourris étaient sans doute un élément essentiel à la guerre, pour le transport comme pour l’action militaire. La plupart des soldats étaient sans doute à pied, et les rois et nobles à cheval.

Le but était généralement d’acquérir une terre, puis d’y établir son autorité et de l’étendre aux territoires voisins. Pour cela, on pouvait parcourir de grandes distances et la loyauté des chefs soumis devait être sans faille, sous peine de mort. Celle-ci, si elle n’avait pas lieu sur le champ de bataille, était donnée par noyade (attesté aussi en Gaule). Il y avait peut-être aussi dela décapitation. Pour assurer les accords et soumissions, des otages de haut statut étaient emmenés par les vainqueurs. Il était traditionnel également de se marier avec la fille ou la sœur du roi, et d’envoyer ses enfants pour être élevés dans d’autres lignages.

Organisation pour la guerre

En Argyll et en Pictland, les rois s’organisent de plus en plus pour la guerre. Pillages et rackets se changent en vraies batailles, ce qui implique de meilleures organisations et ressources. De grands effoerts sont faits pour l’élevage et le logement des chevaux, et l’écuyer a dû être un membre important de la maisonnée royale. La société se hiérarchisant de plus en plus, les places spécialisées (comme écuyers) prennent de l’importance. Il fallait également dégager les guerriers de leurs devoirs (permanents ou temporaires) : c’est fait grâce à un mécanisme sophistiqué pour l’exploitation des produits agricoles. Chaque seigneur devait fournir au roi un nombre de guerriers, et le cas échéant, de bateaux. A la fin du VIIIè siècle, les rois se voient différemment, à cause de l’influence de l’Eglise. Celle-ci voulait une société pacifique et donc une succession légitime à sa mort, plutôt que des révoltes et le sang.

La guerre était courante, surtout pour asseoir son autorité, et les rois devaient être forts. Mais, en plus de la richesse, du charisme et de la puissance militaire, les rois devaient avoir l’appui de l’Eglise. Celle-ci jouait un rôle dans son intronisation (sacre) et a cherché aussi à influencer la manière dont les rois étaient choisis (pour que la société soit plus stable). C’est aussi elle qui définissait leur idéologie. Elle ne pouvait empêcher les rois de faire la guerre, mais elle leur donnait pour cela des images bibliques (David détruisant ses ennemis, etc…)

Les saints guerriers

Bien que l’Eglise désavoue la violence, certains saints, comme Columba, ont développé un culte associé à leur pouvoir de donner la victoire. Ils ont rempli ainsi le rôle des divinités païennes de la guerre. Columba venait de l’aristocratie guerrière et avait un intérêt personnel permanent pour les batailles. Peut-être a-t-il quitté l’Irlande en pénitence pour son investissement dans la guerre, qui lui avait laissé une cicatrice au côté. Il encourageait la violence, quand utilisée pour la justice. Les reliques de Columba furent utilisées comme des talismans dans la bataille. Plus tard, les norses de l’Ecosse de l’ouest virent en lui leur protecteur et lui attribuèrent certaines qualités du dieu viking, Odhinn.

Alba : l'emergence de la nation écossaise

Comment ?

Les chefs ont étendu la distance sur laquelle leur autorité pouvait opérer en obtenant l’appui de l’Eglise et de l’élite politique, qui agissaient en fait comme leurs agents dans les zones au-delà desquelles le roi pouvait agir lui-même. En échange de dons de terres, d’appui, de protection, de reconnaissance de leurs droits par le roi, l’élite lui donnait son appui politique, économique et militaire. Ces allégeances étaient essentielles. Il y avait cependant sûrement de nombreuses variations selon les endroits.

Quand ?

C’est à la fin du VIIè siècle qu’il y eût une extension consciente et déterminée, et une consolidation de l’autorité royale. Sans doute, les pierres sculptées de symboles ont joué un rôle. Il est également clair que l’Eglise a exercé une forte influence. L’apogée du royaume picte se situe au VIIIè siècle, avant que les incursions vikings n’empiètent sur ses frontières.

Où ?

Même à l’époque de Bridei, la base du pouvoir picte était déjà en Ecosse du sud, sans doute à cause de la richesse agricole de cetet région.

La naissance d’Alba

C’est aux environs de 900, que l’on trouve pour la première fois le terme territorial Alba en remplacement du terme ethnique Pictland. Alba est originellement le terme gaélique pour la Grande Bretagne entière.

Identité écossaise

Avec la disparition des caractères pictes et l’apparition du nouveau nom pour le royaume, pour la première fois on peut appeler à la fois les habitants pictes et gaels d’Alba des Ecossais. La littérature contemporaine les appelle fir Alban c’est-à-dire hommes d’Ecosse.

Qu’est-il arrivé à l’identité picte ?

La suppression principale des activités pictes caractéristiques se situe entre la fin du IXè et la fin du Xè siècles. Le terme pictes fut utilisé seulement dans des sources étrangères jusqu’en 918. Ensuite, selon les sources suivantes, les Pictes furent décimés et chassés de leurs héritages. Leur langage disparaît vers 1130.

C’est vrai que leur langage a disparu, mais on a vu qu’au moins au IXè siècle, ils en avaient acquis un autre, dû aux colons Dal Riatha. Cependant, la mort de la langue et de l’identité picte ne peut être simplement le résultat d’un contrôle de la noblesse. Elle a été exacerbée par une combinaison des bouleversements sociaux et économiques qu’ont suivis les attaques vikings et de l’agression de l’Eglise gaélique anti-picte. Les Gaels évitaient d’utiliser les symboles pictes. On ne peut pas prouver que ds manuscrits pictes ont été massivement détruits à cette période, comme cela a été suggéré. Les Pictes n’ont pas disparu, mais ils sont devenus des Scots. Leur identité a été éradiquée, mais pas leur héritage. C’est leur royauté qui a continué quand celle des Dal Riatha a disparu. Et certains aspects de la culture picte furent adoptés par les Scots.

Sommaire
  1. Mise en place
  2. Les sources
  3. Les lieux de pouvoir
  4. Agriculture, industrie et commerce
  5. La force de la Foi
  6. Des brigrands errants aux seigneurs de guerre
  7. Alba : l'emergence de la nation écossaise
Actions sur le document