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Les lieux de pouvoir

Structure de la société

La période est caractérisée par l’émergence de rois chefs de guerre qui règnent sur un territoire défini, à la fois en Argyll et en Pictland. C’est dû à l’abandon romain et donc à la cessation du gouvernement et de l’ordre connu. Puisqu’il n’y a plus d’ordre central, les aristocrates locaux s’élèvent. En Ecosse, où l’influence romaine est minime, elle a au moins eu pour conséquence des alliances entre les différentes tribus, qui ont été oubliées après le départ des romains.

Les territoires sont limités par ce que le chef peut protéger et exploiter. Ses clients paient une rente en nourriture ou en services (labour ou militaire), ils ont en retour de la terre à cultiver et la protection. L’autorité était déterminée par le nombre de clients que l’on pouvait avoir. Le seigneur d’un lieu pouvait accepter l’autorité d’un autre, plus fort que lui : il y a donc différents niveaux de noblesse.

Divisions territoriales

Des entités politiques stables se sont développées à partir des tribus de l’Age du Fer depuis le VIè siècle. Il y a une distinction entre la partie nord et la partie sud de la zone picte. A la fin du VIè siècle, Bridei est décrit comme rex potentissimus, et son pouvoir s’étendait sur toute la partie nord.

Il y a eu pendant longtemps tout un réseau de sous-rois. Il n’y en a pas par contre chez les Dal Riatha et la plus grande partie de leur force doit venir de cette longue et stable dynastie.

Moyens d’hériter

Pour les Dal Riatha, comme en Irlande, les successeurs étaient nommés alternativement dans des familles éligibles (mais dominées par les Cenël nGabràin tout de même), souvent avant la mort du roi. Les politiques maritales permettaient de conserver l’égibilité royale dans ces familles, en excluant les « étrangers ». Les fils héritaient rarement de leurs pères.

Autrefois on pensait que les Pictes avaient une succession matrilinéaire, c’est désormais contredit. Les rois sont appelés fils de leurs pères. Ils n’héritent des femmes que de manière exceptionnelle (Bède). A partir du règne de Cinaed mac Ailpin en 842, la royauté est de plus en plus conférée aux descendants immédiats.

Contexte politique

Les Dal Riatha ont été intéressés par le Pictland, notamment entre 581 et 682, et il est possible que Gartnait, roi picte du VIè siècle, ait été gaël.

Les principaux adversaires des Dal Riatha sont les Britons, qui atteignent leur apogée au VIIè siècle, et qui, avec les Angles, cherchent à gouverner les Pictes. Entre 631 et 653, trois rois pictes sont des Britons, mais de 653 à 685, Pictland est sous la domination angle, à travers des rois marionettes. En 672, l’un d’eux est rejeté par les Pictes, mais en représailles, le roi angle massacre les Pictes et de nombreux aristocrates pictes. Bridei, un picte qui a sans doute un père briton, prend alors le pouvoir et sous son commandement les Angles sont rejetés en 685. C’est lui qui crée l’idée d’un seul peuple et d’un seul territoire picte. De 729 à 839, des rois pictes règnent et forment une seule dynastie, mais les chefs pictes sont tués en 839 et la dynastie y trouve sa fin. Cinaed mac Ailpin profite du chaos pour instaurer une nouvelle structure politique, en même temps que son règne et celui de ses descendants.

La nature de la royauté

Elle fut profondément changée par l’arrivée du christianisme. Auparavant les rois étaient des êtres sacrés, intermédiaires entre le peuple et les dieux. C’était possible grâce à des pouvoirs magiques et aussi par l’aide des druides qui contrôlaient les pouvoirs naturels et surnaturels (on retrouve des figures chamaniques sur les pierres taillées), par l’aide des poètes qui cultivaient légende et généalogie, et par les augures. Il y avait des rituels d’inauguration et le roi devait apporter la fertilité à son peuple. Il ne reste aucun compte-rendu de cérémonies d’inauguration, mais on peut penser que les empreintes de pied dans la roche, les sièges de pierre, etc… y jouaient un rôle.

Une inscription oghamique des IX-Xè siècles indique que ces marques avaient toujours une signification à une époque où le nord était certainement chrétien. Il y a sans doute eu continuation de rites païens, même avec le changement de croyances.

Le christianisme va changer tout cela. Le premier sacre d’un roi par un rite chrétien a lieu en 574 à Iona en Argyll, selon Adomnàn ; mais c’est peut-être de la propagande. Il fallait un nouveau rite chrétien pour contrer le paganisme.

Les centres de pouvoir : forts et promontoires côtiers

Les remparts sont faits de bois et de pointes de fer, et sont remplis de bois, de pierre et de terre. Ces promontoires côtiers étaient sans doute des bases navales. La flotte picte attaquait les romains, mais ensuite elle a sans doute périclité.

Utilisation hiérarchique de l’espace

Les forts avaient des fortifications organisées hiérarchiquement. Les citadelles étaient érigées en haut de collines, et par la suite, des remparts ont été construits (VIè siècle) en bois (remplis de pierre et terre). Au VIIè siècle, on utilise la pierre pour les remparts, souvent réutilisée de monuments romains. Est-ce parce que la pierre est désormais considérée comme plus sophistiquée, ou parce que ce n’est que maintenant qu’on peut la transporter ?

La manière d’arriver, et la monumentalité de l’entrée, étaient importantes.

Cultes et associations chrétiennes

Dans les croyances celtiques, certains lieux étaient associés avec des rituels d’inauguration et des croyances. En Pictland, certains lieux de pouvoir sont associés à des sites religieux ou cultuels, sans doute à cause du rôle des rois dans les croyances. On a retrouvé des séries de plaques sculptées (animaux, têtes) dans ces endroits.

On a pas retrouvé d’églises dans les sites fortifiés pictes et dal riatha, mais les chrétiens se sont installés tout près de ces centres de pouvoir, généralement juste à l’extérieur.

Utilisation des sites romains

On a des exemples de Britons qui continuent d’occuper des forts romains, mais pas en Ecosse, même si les activités agricoles ont continué. Les forts romains devaient être trop grands pour être défendus par les chefs pictes et de plus n’étaient pas en position élevée. Par contre, de nombreux autres centres de pouvoir pictes sont juxtaposés avec des sites romains car ce sont des emplacements stratégiques le long de routes.

Les routes romaines restent utilisées.

Constructions internes

La forteresse inclût la grande salle (hall) du roi, et la maison. Il devait également y avoir des magasins, et peut-être un trésor.

Crannogs

Tous les centres de pouvoir n’étaient pas fortifiés, certains utilisaient les caractéristiques naturelles. Les crannogs sont des ilôts artificiels que l’on trouve partout où il y a de l’eau en Ecosse, du Néolithique au XVIIè siècle. Dans l’un d’eux, on a trouvé la présence du travail du métal, de la poterie importée et une fibule ornée, ce qui indique que c’était un lieu de haut statut, peut-être royal.

Sites non fortifiés

Les palais ressemblent aux palais carolingiens contemporains. Forteviot est le palais des derniers rois pictes, et du royaume amalgamé. C’est toujours considéré comme site royal au XIIè siècle.

Association avec des lieux de rituel préhistorique

Il n’y a pas de continuité de fonction, mais les élites les ont sans doute utilisés pour se légitimer. C’était de plus d’excellentes arènes pour les rassemblements publics en extérieur, qui évitaient de construire des théâtres.

Hiérarchie des centres de pouvoir

Etant donné que la société picte et Dal Riatha comporte différents niveaux de rois et de nobles, une telle distinction doit être apparente dans les sites. L’idée de place principale (capitale) semble avoir existé. Il y a trois grades dans les sites royaux : civitas (la place principale du royaume), castellum ou urbs (un site un peu moins fortifié) et villa regis (un endroit non fortifié, une résidence).

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