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Tressage - naalbinding de fils de metaux

Une petite présentation de cette technique de bijouterie : histoire, peuples, objets retrouvés, technique ...

Index
  1. Recensement des noms de cette technique
  2. Historique
  3. Chez les Scandinaves, Baltes, et vikings de l'Est
  4. Ailleurs et autrement
  5. Application : Technique et matériaux
  6. Tutoriels & Ressources
    tutoriels, sources, exemples ...

Recensement des noms de cette technique

Il n'y a pas d'appellation officielle, la désignation diffère selon les articles/livres/musées.

  • trichinopoly chainworking technique (nom attribué peut être dû à la popularité du travail /production du filligrane par les Indiens)
  • viking knit weaving
  • tressage de fils de metaux
  • wire naalbinding
  • loop in loop chainwork (technique différente, mais souvent confondue avec celle présentée ici)

 Détail de l'ornement de voile, Parure de Carélie Technique du "Loop in loop", visuellement proche de la technique présentée dans cet article, mais complètement différente au final

Reconstitution d'une parure d'une tombe de Carélie : Ornement de voile (posé sur la tête) créé avec la technique du "Loop in loop", au visuel proche de la technique présentée dans cet article, mais finalement différente.

 

 

Historique

Il était une fois, il y a quelques millénaires

Les chaînes tressées constituaient un élément de parure très apprécié (parures de tête, parure de broches, chaines simples, colliers multi-chaînes,  bracelets, boucles d'oreilles, chaîne d'accroche pour éléments suspendus type couteaux,..), autant pour la beauté de son rendu, sa flexibilité,  que sa solidité.

Ce type de tressage des métaux (retrouvé au fil d'or, d'argent, de bronze, de cuivre) est attesté depuis au moins  1800 av JC en Crête et 1500 av JC chez les Égyptiens (c'est aussi loin que j'ai pu remonter jusqu'à présent dans l'ancien Monde) mais existait probablement déjà avant.

Antiquité : ailleurs

On en retrouve pendant l'antiquité tardive et le moyen-age chez les arabes (exposition pré-islamique actuellement au Musée du Louvre : parure de tête féminine, et collier), chez des peuples slaves, steppiques, chez les Byzantins, les Anglo-Saxons, les Pictes, les Irlandais, en Écosse (0) ...

Chez les Scandinaves, Baltes, et vikings de l'Est

Du 9 au 12e siècle

Du 9e au 12e siècle

 

 

  • Au moyen-âge, chez les scandinaves, les peuples Baltes ainsi que les vikings de l'Est (j'y inclus les Rus), une très grande quantité de bijoux reprenant cette technique a été retrouvée, popularisant aujourd'hui cette technique chez leurs reconstituteurs historiques.

 

 

 

  • Origine : Byzance ?

Il est énoncé (1) que ce serait à Byzance que les vikings auraient appris cette technique :

 

"Une part notable du travail des orfèvres nordiques était consacrée à
la fabrication de ces symboles de statut social qu'étaient les colliers
et les bracelets.[...] c'est également à l'étranger, et notamment à 
Byzance, que les Scandinaves apprirent à fabriquer des chaînes fines et 
souples à l'aide de la technique du crochet, ou en utilisant de petites 
mailles entrelacées." (2)

 

  • Un accessoire exclusivement masculin ?

 

Chez les vikings, on peut parfois lire qu'une grande grande majorité des chaines de ce genre retrouvées sortent de tombes masculines (notamment les chaines aux pendentifs en croix, marteaux...), ce qui laisserait envisager une possible exclusivité de port. Cette "affirmation" contredirait une autre source énonçant que les hommes ne portaient pas de bijou autour du cou.

 

 

 

 

 

 

Pourtant, il semblerait que des chaines de ce genre ont été également employées par les femmes dans leurs parures (trouvailles dans certaines tombes féminines),  disposées de la même façon que les hommes (chaînes  avec crucifix  retrouvés autour du cou de leurs squelettes) mais également disposées de manière différente (chaines pendantes entre les broches des costumes féminins).

 

 

 

 

  • Plusieurs longueurs ont été retrouvées : de très courtes (chaînes d'accroche de couteau, assemblage de morceaux dans le collier d'une parure Finnoise), de taille moyenne (chaine pour fibule de cape), mais les chaines peuvent être très longues (80 cm sur un des exemples traités par Tomanterä (célèbre archéologue traitant sur le sujet) dans ses travaux, voire même plus sur l'une des photos ci-dessous).

  

Finitions

Historiquement, dans les colliers retrouvés :

  • La plupart des chaînes sont étirées, mais certains ne le sont pas, ou ne le sont que partiellement. Lorsqu'elles sont étirées, elles peuvent être "simplement" étirées sans étape supplémentaire, ou complétées par une étape supplémentaire de léger martelage (3) pour aplatir les boucles, et les re-étirer une nouvelles fois (mailles encore plus entrelacées, chaines encore plus fines).

 

  • Les chaînes peuvent être faites d'un seul trait, ou entrecoupées de perles, pièces ....

 

  • Ils n'ont pas tous des embouts (cachant le début/fin de la chaine) ; parfois ces embouts sont simples, (simple cône) et parfois très travaillés (têtes de dragon).

 

 

 

  • La plupart des chaînes fermées que j'ai vues sont assez longue pour ne pas nécessiter de fermoir, cependant, dans le cas contraire, on peut trouver des fermoirs en "S".

 

 

Outils

  • Selon John Veje Jensen (un autre spécialiste du sujet), on ignore exactement à quoi ressemblaient les supports permettant de tresser ces chaines, à l'époque mais le travail d'archéologie expérimentale, et, très probablement (du moins, il s'agit de ma supposition personnelle), le recoupement avec les méthodes employées chez certains peuples pratiquant encore cette technique de nos jours, ont permis de déduire la manière et les outils avec lesquels ils procédaient à l'époque. 

 

  • Néanmoins, une planchette en os avec plusieurs diamètres de trous a été retrouvée, correspondant aux critères des planches d'étirage des chaînes, et laissant libre court à l'hypothèse qu'il pouvait s'agir d'un de ces objets qui, accompagné de pinces, permettait cet étirement des chaînes.

 

 

Ailleurs et autrement

Les autres applications

Cette technique aurait également été utilisée avec des fils textiles : laine, pour le naalbinding,  soie pour le ""tissage"" de soieries en Égypte, des broderies dans un costume retrouvé a Birka (informations extraites des recherches de Tomanterä)...

Bijoux folkloriques

De nos jours, ce procédé de bijouterie est encore d'actualité chez de nombreuses ethnies d'Asie Centrale (technique présente dans certains de leurs bijoux traditionnels : turkmènes, miao, balinais ...) ainsi qu'en Méditerranée, d'où la technique trouverait son origine (Grèce, zones berberes ...)

Application : Technique et matériaux

Technique

  • Le principe "historique" est très simple :
"les bijoux étaient façonnés à l'aide soit d'une simple tige martelée ou étirée soit d'un 
ensemble de deux tiges entrelacées, le nombre de ces dernières pouvant s'élever jusqu'à douze. 
Les anneaux aux tiges entrelacées constituaient une nouveauté en Scandinavie et s'inspiraient de 
modèles orientaux." (1).

Concrètement, il s'agissait de "naalbinder" (même technique qu'avec du fil de laine) en faisant des lignes de boucles imbriquées les unes dans les autres, autour d'une tige rigide.

 

  • Plus il y a de "colonnes" de boucles, plus la chaine sera grosse. Plus on se raccrochera a des lignes au dessus de notre ligne de travail, et plus le tressage sera serré, compact, et solide. La tige sert de support pour tresser de manière régulière et uniforme.
  • Une fois la longueur désirée atteinte, la chaîne résultante est éjectée, et passée dans une planchette à trous,  de plus en plus petits, jusqu'à ce que la chaine soit étirée a son maximum, c'est à dire jusqu'à ce que les boucles ne soient plus du tout séparées et qu'elles se chevauchent.
  • Si à l'issue de l'étirement, on souhaite un résultat encore plus fin, encore plus lié, on peut ajouter une étape supplémentaire : marteler légèrement (et régulièrement) les colonnes pour aplatir légèrement les boucles : elles vont alors s'allonger, et une fois réalisé sur la totalité de la chaîne, la chaine peut être alors de nouveau passée dans la planches a trous : cette étape est longue et agaçante, mais la chaîne résultante est plus fine, et les boucles beaucoup plus "entre liées", et la chaîne beaucoup moins aérée.

Exemples de chaînes avant et après martelage :

  •  Les difficultés principales de cette technique résident surtout dans ;

-le début (les colonnes de boucle doivent être dès le début espacés de manière équidistante);

-la régularité du tressage;

-les raccords (ne doivent pas se voir, et doivent être assez solides pour ne pas lâcher au moment de l'étirement final)

-le serrage des boucles (plus elles sont serrées, plus beau sera le résultat)

-l'étirement lors du passage dans les derniers trous

-la régularité et la maîtrise du martèlement

Matières premières conseillées

  • Matériaux des fils

Historiquement, les matériaux utilisés sont l'or, l'argent, le cuivre, et le bronze. Plusieurs chaînes en argent doré, imitant l'or, ont en outre été retrouvées, démontrant la préférence pour l'or à l'époque.

Il est idéal de s'exercer sur des fils de laiton ou de cuivre avant de passer à des métaux précieux et couteux tels que le fil d'argent, le fil de cuivre étant, à priori, le fil de métal aux propriétés de travail les plus proches de celles du fil d'argent.

 

  • Diamètres des fils

Plusieurs diamètres de fils sont possibles, tout dépend du résultat désiré : pour un rendu plus "gros", prendre un diamètre tournant autour des 0.7 ou 0.8mm (au dessus, le fil devient rigide et très difficile à manier) ; pour un rendu beaucoup plus fin, plus souple, plutôt opter pour un diamètre tournant autour des 0.4 ou 0.5 mm.

Certaines chaînes ont été retrouvées dans du fil de 0.2 mm :  après un test, rapide j'ai découvert que le fil de cuivre de ce diamètre est extrêmement souple, et tend a ressembler à du fil textile : il est plus difficile à modeler, et surtout plus cassant.

Matériel

 Mon propre matériel, et celui conseillé par les livres et quelques archéologues (Lejre) :

  • des tiges rigides à section ronde (plusieurs tiges de diamètres différents pour tester plusieurs résultats) pliées, limée pour pouvoir passer le fil plus facilement lors du tressage, et un support pour planter cette tige (pas indispensable mais très pratique);
  • une planche a trous de plusieurs diamètres pour étirer la chaîne une fois finie ;
  • des pinces pour pouvoir tirer, couper, et boucler le fil
  • un petit marteau pour compléter l'étape d'étirement, pour un résultat encore plus fin et lié

 Cependant, si vous n'avez de tige sous le coude, tentez avec une cuillère en bois : les tiges sont souvent a section ronde, et le diamètre est suffisant (bien que parfois trop gros)

Tutoriels & Ressources

tutoriels, sources, exemples ...

Tutoriels

Pour le moment, je n'ai pas fini mon tutoriel, donc je vous transmets ceux que j'ai trouvé sur le net, et qui me semblent pas mal :

  • Vidéos

 

  • Images et textes

Fine Art By Rocio

eHow.com

 

  • Site recensant les tutoriels sur le net

Jewellerymaker

Annotations & bibliographie

ANNOTATIONS ET BIBLIOGRAPHIE

(0) Je n'ai aucun exemple de bijoux anglo-saxons  ou pictes employant cette technique, mais James Graham-Campbell les présente apparemment dans son livre The Viking Age Gold and Silver of Scotland (AD 850-1100)  (on en parle ici et ici)

(1) Catalogue de l'exposition universelle Les Vikings - Les Scandinaves Et L'europe 800-1200, 22e Exposition D'art Du Conseil De L'Europe (1992)

(2) Catalogue de l'exposition universelle Les Vikings - Les Scandinaves Et L'Europe 800-1200, 22e Exposition D'art Du Conseil De L'Europe (1992) : page expliquant à travers cette phrase plusieurs principes de tressage des fils de métaux ; pour rappel, je ne me penche que sue une seule de ces techniques à travers cet article

(3) Selon des informations tirés de résultats de fouilles archéologiques : des chaînes auraient été retrouvées avec une présence de traces de coups de martèlements (ne pas oublier de demander la référence à Souheil)

Crédits photos

  • Collection Egyptienne : Musée du Louvre (Shirin)
  • Pendentif Grèce préclassique : Musée du Louvre (Internetstones & Insecula)
  • Pendentif grec (2) Haute antiquité : Musée du Louvre (3dsrc)
  • Boucles d'oreilles grecques Haute antiquité : British Musum ( Kotomicreations & British Museum
  • Boucle d'oreilles Minoans : British Museum (Kotomicreations)
  • Bijoux Slaves : Exposition "bijoux d'Ukraine" du Musée d'Haitabu, Allemagne (Shirin)
  • Chaînes vikings (1) : Musée national Finlandais (Souheil)
  • Chaînes vikings (2) : Musée de Copenhague, Danemark (Grimmr)
  • Pinces viking : Musée d'Haitabu, Allemagne (Grimmr)
  • Reproduction d'une parure de Carélie (Kalevala Jewelry)
  • Broche Pennannulaire et sa chaine : Collection privée (TimelineOriginals)
  • Bijou turkmène (Shirin)
  • Reproduction et inspiration de bijoux byzantains (?)
  • Matériel & Exemples de réalisation (Shirin)

Bibliographie

Les Scandinaves Et L'europe 800-1200, 22e Exposition D'art Du Conseil De L'Europe (1992) - Catalogue de l'exposition Viking à Paris, 1992 (FR)

? - Catalogue de l'exposition des bijoux médiévaux Slaves à Haitabu (Allemagne), 2008 (EN-DE)

? - Traité archéologique sur les costumes retrouvés en Finlande (Souheil) (FI)

Les merveilles du musée Bardo - Catalogue d'exposition du musée Bardo (Tunisie)

 

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