Des brigrands errants aux seigneurs de guerre
Batailles en mer
Les Pictes et les Dal Riatha étaient connus par les Romains pour effectuer des raids par la mer. Elle leur servait aussi pour la communication et le commerce. La première référence à une bataille navale date de 719. Cependant, il y en a sûrement eu depuis au moins 580. Ils connaissaient également les navires marchands. Ils pouvaient être grands (plus de vingt personnes) et à rames, même si certains avaient mât et voile. Les moines d’Iona ont acquis du chêne et du pin pour faire un long skip. Pour les bateaux pictes, on sait moins de choses. Ils étaient vraisemblablement recouverts de peaux.
Batailles sur terre
On ne sait pas grand-chose. Quand Agricola a vaincu les Brittons en 83, ils avaient des chariots et des soldats à pied (avec de grosses épées et de petits boucliers). La dernière référence à l’usage des chariots date du IIIè siècle, mais des chevaux bien nourris étaient sans doute un élément essentiel à la guerre, pour le transport comme pour l’action militaire. La plupart des soldats étaient sans doute à pied, et les rois et nobles à cheval.
Le but était généralement d’acquérir une terre, puis d’y établir son autorité et de l’étendre aux territoires voisins. Pour cela, on pouvait parcourir de grandes distances et la loyauté des chefs soumis devait être sans faille, sous peine de mort. Celle-ci, si elle n’avait pas lieu sur le champ de bataille, était donnée par noyade (attesté aussi en Gaule). Il y avait peut-être aussi dela décapitation. Pour assurer les accords et soumissions, des otages de haut statut étaient emmenés par les vainqueurs. Il était traditionnel également de se marier avec la fille ou la sœur du roi, et d’envoyer ses enfants pour être élevés dans d’autres lignages.
Organisation pour la guerre
En Argyll et en Pictland, les rois s’organisent de plus en plus pour la guerre. Pillages et rackets se changent en vraies batailles, ce qui implique de meilleures organisations et ressources. De grands effoerts sont faits pour l’élevage et le logement des chevaux, et l’écuyer a dû être un membre important de la maisonnée royale. La société se hiérarchisant de plus en plus, les places spécialisées (comme écuyers) prennent de l’importance. Il fallait également dégager les guerriers de leurs devoirs (permanents ou temporaires) : c’est fait grâce à un mécanisme sophistiqué pour l’exploitation des produits agricoles. Chaque seigneur devait fournir au roi un nombre de guerriers, et le cas échéant, de bateaux. A la fin du VIIIè siècle, les rois se voient différemment, à cause de l’influence de l’Eglise. Celle-ci voulait une société pacifique et donc une succession légitime à sa mort, plutôt que des révoltes et le sang.
La guerre était courante, surtout pour asseoir son autorité, et les rois devaient être forts. Mais, en plus de la richesse, du charisme et de la puissance militaire, les rois devaient avoir l’appui de l’Eglise. Celle-ci jouait un rôle dans son intronisation (sacre) et a cherché aussi à influencer la manière dont les rois étaient choisis (pour que la société soit plus stable). C’est aussi elle qui définissait leur idéologie. Elle ne pouvait empêcher les rois de faire la guerre, mais elle leur donnait pour cela des images bibliques (David détruisant ses ennemis, etc…)
Les saints guerriers
Bien que l’Eglise désavoue la violence, certains saints, comme Columba, ont développé un culte associé à leur pouvoir de donner la victoire. Ils ont rempli ainsi le rôle des divinités païennes de la guerre. Columba venait de l’aristocratie guerrière et avait un intérêt personnel permanent pour les batailles. Peut-être a-t-il quitté l’Irlande en pénitence pour son investissement dans la guerre, qui lui avait laissé une cicatrice au côté. Il encourageait la violence, quand utilisée pour la justice. Les reliques de Columba furent utilisées comme des talismans dans la bataille. Plus tard, les norses de l’Ecosse de l’ouest virent en lui leur protecteur et lui attribuèrent certaines qualités du dieu viking, Odhinn.