La mort de la Palice
Anonyme - XVIè siècle
Hélas ! La Palice est mort ;
Il est mort devant Pavie.
Hélas ! S'il n'était pas mort
Il serait encore en vie.
Hélas ! qu'il eut bien grand tort
De s'en aller à Pavie !
Hélas ! s'il ne fut point mort
Il n'eut point perdu la vie
Il était fort bien vêtu,
Son habit doublé de frise ;
Et quand il était tout nu
Il n'avait point de chemise
Deux jours avant de mourir,
Ecrivait au roi son maître ;
Hélas ! s'il n'eût point écrit
Le roi n'eût pas lu sa lettre
Il était très bon chrétien
Et vivait dans l'abstinence ;
Et quand il ne disait rien
Il observait le silence
Il est mort le vendredi,
Passée la fleur de son âge
S'il fût mort le samedi,
Il eût vécu davantage
Les médecins sont d'acccord,
Et toute la pharmacie,
Que deux jours avant sa mort
Il était encore en vie
NB :
Le mot lapalissade vient du nom de Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice, maréchal de François Ier, mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’a été l’auteur d’aucune lapalissade. Les soldats de La Palice pour illustrer le courage qu’a eu ce maréchal lors du siège de Pavie (1525) où il trouva la mort lui écrivirent une chanson, dans laquelle se trouvait la strophe suivante :
Hélas, La Palice est mort, |
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Or l’ancien français a deux graphies du s dont l’une est ſ. Une erreur de lecture a fait lire « hélas, s’il n’était pas mort, il ſerait (serait) encore en vie ». Aujourd’hui on retrouve encore cette phrase déformée en « Un quart d’heure avant sa mort, il était encore en vie ».