Outils personnels
Se connecter


Mot de passe oublié ?
 

Présentation des principaux contes et légendes

Naufragés

L'histoire vraie des naufragés vénitiens a été consignée par écrit par le capitaine, un marin et le secrétaire de bord. Trois mémoires unies pour se rappeler les horreurs d'un voyage aux allures de cauchemard.

Ce conte incroyable, oublié depuis longtemps en Norvège, a été réintroduit dans les lofoten par le pasteur Svensson, ecclésiastique suédois du 18ème siècle qui s'en est servi pour encenser une très imaginative dévotion religieuse qui aurait été à l'origine du sauvetage miraculeux des marins italiens.

Voici l'histoire de ces vénitiens :

Au mois d'avril 1431, Messer Pietro Querini, de Venise, appareille de Candie, en Crête, à destination des Flandres, avec 68 compagnons et associés. Après avoir traversé la Méditerranée et remonté la façade Atlantique, sous les pires auspices après la mort, avant même l'embarquement, du fils aîné de Querini, le navire, au moment d'entrer dans la Manche, est emporté par une tempête. L'effroyable histoire des marins vénitiens dans les mers froides commence.

Pendant des semaines, leur bateau va se désagréger peu à peu, emporté par des vents contraires et secoué par une formidable houle. Si bien que, dans le froid de plus en plus mordant et l'obscurité croissante de l'hiver boréal, l'équipage évacuera le navire à bord de deux barques. Ce seront là d'autres semaines de terreurs et de privations, de désespoir, d'angoisse et de mort : lorsque, au début de janvier 1432, la terre est en vue, il ne reste plus que 16 personnes agonisantes dans une unique embarcation. Mais rien n'est encore terminé. L'île sur laquelle ils se trouvent est nue, déserte et inhospitalière.

Un mois durant, les survivants vont se terrer dans un abri de fortune autour d'un maigre feu. Avant qu'ils ne soient saufs, cinq autre compagnons vont encore trépasser. En réalité, les tempêtes les ont jetés sur les rivages des Îles Lofoten, au nord de la Norvège ! La petite communauté de pêcheurs de l'île voisine - aux mœurs simples et affables que les naufragés crurent sorties tout droit du Paradis terrestre - les accueillera et leur permettra, le printemps venu, de retourner à Venise.

Les cormorans de Utrøst

Bernard Olivier Lancelot a eu l'amabilité, sur son blog, de faire un résumé de la légende très connue au Lofoten, des cormorans de Utrøst.

Je vous la livre ici même:

"De retour chez eux, il peut arriver que des pêcheurs du Nordland trouvent accroché à la barre un brin de blé ou une touffe d´orge dans le ventre d´un poisson. Ils savent alors qu´ils sont allés jusqu´à l´au-delà de Ut-Røst, jusqu´au pays des Huldres, comme il se dit dans les légendes du Nordland. Mais le pays ne se montre qu´à ceux qui sont pieux et prévoyants, qui sont en danger en mer et qui parviennent là où par ailleurs ne se trouve aucun pays"

(...) "Sur l´île de Værøy, au large des Lofoten, vivait un pauvre pêcheur qui ne possédait rien d´autres que son bateau et quelques chèvres que sa femme nourrissait de vidures de poissons ou de brins d´herbes qu´elle pouvait ramasser à la hâte sur la montagne; mais la maisonnée était pleine d´enfants qui avaient faim. Il se contentait pourtant de ce peu, puisque c´était ainsi que le Seigneur l´avait voulu pour lui. Isak ne se plaignait que de son voisin qui estimait qu´il devait avoir en toutes choses meilleur que ce que cette vermine d´Isak avait."

(...) "Un jour qu´Isak était sorti loin en mer, le brouillard se leva, et la tempête était si violente qu´il dut jeter par dessus bord tout le poisson pêché pour alléger le bateau et sauver sa vie. Après avoir résisté au vent et à la tempête cinq ou six heures, il pensa qu´il devait rencontrer le bout du monde. Mais il essuya un nouveau paquet d´eau; la tempête et les ténèbes du brouillard étaient pires que jamais. Il résistait comme il pouvait, suivait le sens des vagues et tournait au vent tournant, et finit par comprendre qu´il devait en être ainsi car il n´était que ballotté et n´atteignait aucun pays. Et voilà qu´il entendit un horrible bruit devant l´étrave, et il crut aussitôt que c´était le spectre de la mort qui poussait son cri. Il pria le Seigneur de prendre soin de sa femme et de ses enfants car il comprenait que sa dernière heure avait sonné; mais alors qu´il priait, il vit que quelque chose de noir brillait et quand il s´approcha il vit que ce n´était que trois cormorans posés sur une planche de bois, et zoup ! il les avait dépassés. Ce fut long et pénible, et il eut soif, et il eut si faim et fut si épuisé qu´il ne savait que faire et restait ainsi à moitié endormi, la main sur la barre; quand soudain le bateau s´échoua sur des galets et s´immobilisa. Il se peut qu´Isak leva les yeux. Le soleil transpercait le brouillard et brillait sur un beau pays verdoyant; les côteaux et les collines étaient verts de la base au sommet, et il sentait une senteur de germes et de fleurs qui était si douce que jamais auparavant il ne pouvait se souvenir d´en avoir senti de si douce.

-"Dieu soit loué, j´suis sauvé; j´suis sûr´ment à Ut-Røst".

(...) "un petit homme habillé de bleu était assis sur un tabouret, sucant une bouffarde; sa barbe était si grosse et si longue qu´elle lui couvrait la poitrine. - "Bienvenu à Ut-Røst" dit le bonhomme. -"Que Dieu bénisse notre rencontre, père", répondit Isak. -"C´est-y pas que vous m´connaissez ?". -"Ca se peut" dit le bonhomme. Tu veux p´t-être un toit pour la nuit ?" -" Moui ! Ca serait rud´ment bien ! Ca s´rait pour le mieux" dit Isak. -"Mes fils sont tous un peu toqués, ils ne supportent pas l´odeur du chrétien" dit le bonhomme. Tu n´les a pas rencontrés ?".

- "Non. J´ai pas rencontré d´autres que trois cormorans posés sur une planche de bois et qui criaient." répondit Isak.

- "Ouais, c´était mes fils, ca." dit le bonhomme, et tout en frappant sa pipe pour en jeter la cendre, il dit à Isak :

- "Tu peux toujours entrer. T´as sûr´ment faim et soif, à c´t´heure."

Isak trouva tout ce qu´un pêcheur du Nordland peut trouver. "Du lait caillé avec de la crème, des dorades, du rôti de renne, de la farine de foie avec du sirop et du fromage dessus, des piles de craquelins de Bergen, de l´eau-de-vie, et de la bière, et de l´hydromel, et tout ce qui peut être bon. Le Isak mangea et but autant qu´il pouvait, et rien n´était jamais vide. Et il avait beau boire, le verre était toujours aussi plein".

(...) Les cormorans s´installèrent près de lui et ils firent bon ménage. Encore à Ut-Røst, Isak se remit à pêcher, les cormorans l´accompagnèrent, "l´un tenait la barre, l´autre tendait la voile en raidissant l´amure, le troisième était second, et lui, l´Isak, devait se servir de la grande écope et suait sang et eau."

(...) Il fit des pêches miraculeuses, alla jusqu´à Bergen pour vendre son poisson et s´acheta un nouveau cotre flambant neuf. Puis il décida de rentrer chez lui. La veille du départ, le bonhomme du pays de Ut-Røst "monta à bord et le pria de ne pas les oublier, eux qui vivaient comme son voisin, car lui-même en était devenu un, et il prédit au Isak chance et bonheur avec le cotre".

(...) "Depuis ce temps, Isak avait rencontré le bonheur. Il savait d´où il venait (...) et chaque soir de Noël, c´était illuminé, le cotre était éclairé, et ils entendaient des violons, et des rires, et de l´animation, et sur le cotre il y avait danse à bord".

Actions sur le document