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Quelques femmes combattantes au XIIè siècle

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Le point sur quelques textes qui font état de femmes combattantes lors des premières croisades

On a plusieurs exemples de femmes combattantes au XIIè siècle, notamment dans les récits de croisade. En effet, il était extrêmement fréquent, surtout lors des premières croisades, que les dames accompagnent leurs maris, comme c'était le cas lors des autres pélerinages. Car même en armes, la croisade reste un pélerinage. Mais alors quelle est la place de la femme dans ce voyage armé ?

Pour la majorité d'entre elles, elles ont une fonction d'auxiliaire, et non de combattantes. Ce seront elles qui apporteront de l'eau sur le champ de bataille, ou encore qui soigneront les blessés. L'historien contemporain que l'on appelle "l'anonyme de la première croisade" (étant donné que l'on a pas son nom) le précise dans son récit de la bataille de Dorylée :

"Nos femmes, en ce jour-là, nous furent d'un grand secours en apportant de l'eau à boire à nos combattants et aussi en ne cessant de les encourager au combat et à la défense".

Cependant, on trouve aussi des exemples de femmes, en armes, et qui se battent.

Régine Pernoud, dans La femme au temps des cathédrales (Stock/Laurence Pernoud, 1990) nous donne les exemples suivants : "Certaines n'hésitent pas à revêtir la cotte de mailles, à coiffer le casque et à manier l'épée, comme les épouses des Normands de Sicile, ou la margravine, Ida d'Autriche, qui prendra en 1101 les armes elle-même et partira pour la Palestine".

On trouve effectivement trace de ces normandes combattantes dans le récit d'Anne Comnène, fille de l'empereur byzantin Alexis Comnène, qui assiste à l'arrivée des premiers croisés devant Constantinople en décembre 1096. A l'époque, elle a treize ans, mais elle en fera le récit 43 ans plus tard dans son livre, l'Alexiade, dédié à son père. Anne appelle les Croisés des "celtes" et les trouve rustres et grossiers. Elle mentionne néanmoins leurs femmes pour qui elle n'a pas plus de considération, et en décrit quelques-unes, notamment la normande Sichelgaïte, la femme de Robert Guiscard. D'après elle, elle était capable de s'armer comme un soldat et de se battre, ou de rallier les fuyards pour les ramener au combat.

On a aussi quelques références de femmes qui utilisent des arcs ou des mangonneaux. L'historien arabe Beha-ed-Din, qui fut un compagnon de Saladin décrit une femme "à la mante verte". Il rapporte que durant un siège d'Acre, en 1191, elle ne cessait de lancer des flèches et atteignit plusieurs ennemis : "enfin nous la tuâmes et nous portâmes son arc au sultan". Plus loin, il évoque une autre femme qui, lors du siège du château de Burzey, dirigeait son mangonneau avec une telle adresse qu'elle mit hors de combat plusieurs perrières des assiégeants.

Enfin, c'est un occidental cette fois-ci, Ambroise, compagnon de Richard Coeur de Lion, qui évoque les femmes qui sont au coeur de la mêlée, et qui portent des pierres dans les fossés pour permettre l'approche des murailles. L'une d'elle, particulièrement efficace, fut reperée et tuée d'une flèche. Le chroniqueur conclut en disant :

"Tel(le) femme, ce dit l'Histoire
Doit chacun avoir en mémoire"
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