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L'armure de maille

L'armure de maille c'est quoi ? Qui pouvait porter une armure de maille ? Comment était construite cette armure ?

L'armure de maille :

 

      Elle est aussi appelée "cotte de maille" par analogie avec la forme du vêtement civil  : la cotte. La cotte est une sorte de grand T-shirt.  Cette dénomination de cotte de maille n'est pas tout a fait exacte car l'armure de maille peut avoir la forme de la cotte,  mais peut aussi servir à protéger juste le visage, ou le corps et le visage...

      L'armure de maille est une protection en fer constitué de milliers d'anneau reliés quatre par quatre. Au début du XI ème siècle l'armure de maille à sensiblement la forme d'un T-shirt, puis elle s'agrandit pour protéger les cuisses et le visages à la fin du XI comme on peut le voir sur la tapisserie de Bayeux.

                                                        
EchternachCodex Aureus, 1030, Influence Otonienne

     Sur cette image tirée du Echternach codex Aureus, datant de 1030 environ et d'origine germanique, on voit des soldats recouverts de maille avec une sorte de capuche en cuir. L'armure de maille ne couvre ni les cuisses, ni les avants-bras.

        L'armure de maille peut également être fixée au casque pour protéger le visage. Des casques du VII ème siècle sont pourvus de protection de maille couvrant le visage. Il n'y a  cependant pas de pièce archéologique, ou iconographique attestant cet usage pour notre période. Certains expliquent  cette absence de preuve en expliquant que la maille était fixée non sur le casque mais sur la garniture de cuir du casque. Le cuir en se décomposant aurait laissé échapper les mailles de fer qui se serait a leur tour décomposée.

 

                                                 
Casque de Sigurd, Vendel, bateaux tombe, VII ème

 Casque Vendel du VII ème siècle, conservé à Uppsala en Suède.

 

L'armure de maille de Gjermundbu est la plus complète pour notre période. Elle date du IX ème siècle et a été retrouvé en Scandinavie.

Gjermundbu IX siècle, Scandinavie

 

Qui portait une armure de maille au XI ème siècle ?

 

Au début du XI ème siècle :

 

 

      Pour savoir qui pouvait porter une armure de maille nous nous appuierons sur un vaste corpus d'enluminure du début du XI ème présentant des combattants ou des scènes de combats.

Le premier constat est que l'armure de maille est rare, très rare. La majorité des combattants ne semble porter que leur tunique, un bouclier et une épée ou une lance, comme ces 10 rois couronnés tiré du Beatus de Saint Sever :

 

Les 10 rois couronnés, Beatus de Saint Sévère, mi-XIème.

 

       Autre indice, le prix d'une protection de maille est estimé par le musée d'Haithabu à 820 grammes d'argent. A titre de comparaison un veau coûte entre 125 et 137 grammes d'argent et un casque 410 grammes d'argent. L'armure de maille est donc une protection onéreuse et par conséquent réservée au plus riche des combattants.

      Dernier indice prouvant la rareté de cette protection : le faible nombre de reste archéologique d'armure de maille. Il faut cependant nuancer ce point : en effet les armures de mailles ou leurs restes ont pu être réparée et réutilisée à de nombreuses reprises. Ce qui limite le nombre de pièces archéologiques.

 

A la vue de ces différents indices, nous pensons que l'armure de maille est réservée à une élite  riche et combattante.

 

La fin du XIème siècle :

 

 

     Cependant à la fin du XIème, tous les combattants de la tapisserie de Bayeux portent une protection de maille et les enluminures postérieures montrent de nombreux combattants en armure. Il faut quand même préciser que les armées d'Harold et de Guillaume était des armées de riches combattants, presque des combattants professionnels.

 

Tapisserie de Bayeux, 1072, bataille d'Hasting

 

Comment expliquer cette évolution ? 

  

Y a t-il eu une révolution technique à cette époque permettant une démocratisation de cette armure ?  Ou le parti pris artistique de ne représenter que l'élite des combattants, c'est à dire les mieux équipé ?

   D'un point de vue archéologique il n'y a pas à ma connaissance de révolution dans la fabrication des mailles vers 1050. Nous n'avons pas non plus retrouvé plus de maille datant de la fin du XI ème siècle qu'avant. Il me semble donc qu'il s'agit bien dans un premier temps d'un parti pris artistique.

Ce n'est qu'au XII ème siècle que l'apparition des martinets hydrauliques va faciliter le travail du fer et rendre plus "abordable" les protections de mailles. 

 

La construction d'une armure de maille :

 

Nous allons étudier la fabrication de l'armure de Gjermundbu, elle est du type semi-rivetée.C'est à dire que seulement un anneau sur deux est riveté. L'autre anneau est plein.

Maille semi-riveté, Gjermundbu

La fabrication d'une armure de maille se décompose en trois parties : la fabrication des fils de fer et des anneaux à riveter,  des anneaux pleins et l'assemblage.

  Nous n'avons pas de source archéologique ou iconographique montrant la fabrication d'une armure de maille au XIème siècle. Ce qui suit est donc une hypothèse basée sur des expériences archéologiques et l'analyse des rares pièces dont nous disposons.

 

La fabrication du fil de fer et des anneaux:

 

Le fil de fer :

 Le forgeron reçoit un lingot de fer,  qu'il va transformer en fil de fer par martelage et étirement successif. Il est possible que ce fil soit ensuite passé dans une filière pour l'égaliser. Ce travail se fait avec un fer chaud.

Les anneaux :

Le fil de fer est ensuite enroulé sur une barre de métal, ce qui crée une sorte de tige filetée. Cette tige est ensuite coupée avec un burin ou une pince coupante. Cette série d'opération peut se réaliser à froid. Cette opération est souvent décrite sur le net, par exemple ici : http://meryana.free.fr/cotteMailleFabrication.php.  

Noter cependant que la maille obtenue grâce à ce très bon didacticiel n'est pas riveté, elle est dite "abouté". Hors ce type de maille n'a pas existé au moyen-âge. Toutes les mailles retrouvées sont rivetées ou semi-rivetées.

La préparation du rivetage :

Le forgeron doit ensuite aplatir et percer la jonction des anneaux. On voit sur cette analyse métallographique que les bandes de fers n'ont pas été coupé autour du trou de rivetage mais écarté, ce qui laisse penser que cette opération de perçage se fait à chaud, en repoussant le métal et non par enlèvement de matière avec un drill.

anneaux riveté Gjermundbu

 

Les anneaux pleins :

 

A partir d'un lingot de fer, le forgeron va créer des plaques de métal. Ces plaques de métal vont ensuite être travaillé peut être à l'emporte pièce pour créer des anneaux plein. Ce travail se fait avec un fer chaud et non à froid. Voici un anneau plein fabriqué à l'emporte pièce trouvé sur la maille de Gjermundbu.

Maille pleine Gjermundbu

 

L'assemblage :

 

L'haubergier qui fabrique les cottes de mailles va finalement assembler les anneaux, il travaille à froid. Il regroupe 4 anneaux pleins, passe au milieu un anneaux à riveter et le rive grâce à une enclume et un petit marteau.

 

 

 

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